
Pendant que les hyènes arpentent la savane
Sèment l’inquiétude, dispersent les caravanes …
STORY, très affligée, abattue, attend d’un fol espoir
Le retour de son bébé d’amour en ce roman noir.
Elle a jugé bon de rester près de ce nouveau terrier
Au cas où RISETTE retrouverait ce coin familier.
Elles avaient quitté leur ancien abri devenu un mouroir
Depuis cette tragique nuit de grand désespoir.
STORY essaie chaque fois de chasser ce cruel souvenir
Qui revient sans cesse, assombrit son avenir,
Plus collant que jamais en cette attente angoissante.
« Je n’aurais jamais dû faire confiance à mes vieilles tantes …
Déjà la lune, blanche de peur, m’avait avertie …
Je n’avais pas su voir ni écouter son ressenti.
Partie chasser, mes petiots à l’abri comme à l’accoutumée,
Mes tantes âgées étaient restées, fortement enrhumées,
Pour monter la garde et défendre nos progénitures
En notre absence. Il faut bien fair le plein en nourriture !
Cette nuit là, une bande de lions et de lionnes encanaillées,
Attirés par mes derniers nés qui se mirent à brailler,
Attaquèrent par surprise notre aire de repos.
Mes tantes handicapées par leur gros rhume de cerveau
N’avaient pas flairé leur approche sournoise.
Ce fut un carnage qui ne laissa aucun crédit d’ardoise.
À mon retour je vous laisse imaginer ce champ de bataille …
Le terrier éventré, sans aucune traces de mes ouailles.
J’ai hurlé à la mort contre ces vils croque-morts
Qui avaient emporté pour l’éternité mes petits trésors.
Je suis restée là des heures, prostrée, sur ces restes funéraires,
Maudissant ces félins, ces lâches prédateurs mercenaires.
Et ces pauvres tantes … mortes, dévorées toutes les trois.
D’horreurs je frissonnais, perdue comme un royaume sans roi.
Jamais de mémoire attaque pareille au sein des hyènes se fit.
Pour mon grand malheur, une seule a suffi.
Puis, croyant rêver, craintive d’un chimérique espoir, c’est alors
Que m’apparut mon adorable RISETTE dans un rayon d’or !
Elle s’était réfugiée, terrorisée, dans d’épaisses broussailes.
Hésitante, rampant sous la menace d’invisibles représailles,
Je saisis d’un bond ma princesse miraculée et l’emportait
Vers un abri discret … rassurée, ma rescapée se mit à téter.
J’entends encore ses petits bruits de succion, quelle goulue …
Si par bonheur elle me revien,t je ne la lâcherai plus !
De jour comme de nuit, de chasses à la ronde
Car nous sommes ainsi, désignées par le monde
De terribles et têtues fidèles vagabondes » …
27 Août 2018 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photos : Chris Loargann sur Facebook